C’est l’histoire d’une hémorragie. Une saignée entamée au début du XXe siècle, ininterrompue depuis. La France compte aujourd’hui moins de 400 000 exploitations agricoles contre 4 millions de fermes un siècle plus tôt. À quoi on ajoutera que d’ici à 2030, la moitié des agriculteurs et agricultrices seront partis à la retraite.
Dilemme : qui va nous nourrir ? Soit on remplace les partants, soit c’est la mort des paysans annoncée par Henri Mendras, et on laisse définitivement le champ libre à l’agro-industrie !
Une perspective si sinistre qu’elle devrait être enfin l’occasion de renverser le modèle dominant avec, pour faire face aux départs massifs, l’arrivée de nouvelles personnes, souvent non issues du monde agricole, qui frappent à la porte. Amélie Poinssot les a longuement rencontrées. Elles sont dotées de bagages singuliers : une volonté de produire autrement, une conscience aiguë des bouleversements écologiques, une première expérience professionnelle dans un tout autre domaine, une ténacité à toute épreuve pour un vrai parcours du combattant…
Au terme de son livre-enquête – un état des lieux exhaustif –, l’autrice, tout en appelant de ses vœux un sursaut sociétal, nous avertit avec gravité : “Dans les entraves au renouveau paysan, il n’y a pas de fatalité, il y a des responsables. »